Dana, ripeuse sur l’agglomération grenobloise
15h15 le mardi 05 juillet 2023, c’est un après-midi d’été chaud.
En bas de son immeuble, je rencontre Dana Martino, la ripeuse grenobloise, la seule femme à participer aux tournées de ramassages des ordures de la Métro.
Elle me salue avec un grand sourire. Elle me propose de nous installer dans le petit parc situé à quelques pas de son immeuble. Il n’y a pas un bruit à part celui des oiseaux. Nous sommes protégées du soleil par les arbres qui entourent cette aire de jeux.
Dana, cheveux longs, casquette vissée sur la tête et lunettes de soleil cachant son regard, me raconte le chemin parcouru pour devenir ripeuse.
Trouver sa voie
Dana a passé son brevet des collèges. Elle s’est ensuite orientée vers un bac SPVL (Service de proximité et Vie locale) avec un diplôme intermédiaire CAP APM (Agent de prévention et de médiation). Elle s’aperçoit en cours de route, durant l’année de première, que ce secteur ne lui conviendra pas. Etre enfermée dans un bureau ne lui correspond pas. « J’ai besoin de bouger » me précise-t-elle.
Ensuite, elle trouve une mission de 6 mois en tant que « plongeur » dans un EPHAD. Mais suite à une blessure au doigt, elle arrête. Les 2 années suivantes, elle s’occupe de la logistique et de l’entretien dans une boulangerie Marie Blachère. Mais elle sait très bien qu’elle préférerait être en extérieur.
Un jour, elle voit un ripeur récupérer les poubelles devant la boulangerie. Pourquoi ce ne serait pas ça le métier fait pour elle ? Elle quitte son poste en juin 2021.
Elle s’inscrit alors à Pole Emploi avec l’objectif de riper. Elle reste au chômage pendant 5 mois. Elle ne souhaite pas accepter des missions à McDonald proposées par la Mission Locale. Dana m’explique « j’aime travailler » mais elle sait ce qu’elle veut et se donne les moyens pour y arriver.
Atteindre son objectif
Crédit : ©Grenoble Alpes Métropole Pascale Cholette
Grâce à sa conseillère Pole Emploi, Sonia, elle contacte l’association intermédiaire La Fourmi et tout s’enchaîne. Dana fait la formation de 2 jours indispensable à l’intégration du poste de ripeur au sein de Grenoble Alpes Métropole. Sa mission démarre sans attendre.
Depuis 1 an et 6 mois, elle ripe 5 jours sur 7 sur les communes de la METRO grâce à La Fourmi. Au sein d’une équipe de 3 personnes (un chauffeur et 2 ripeurs, mais jamais les mêmes), elle parcourt les territoires de l’agglomération pour permettre aux administrés d’évoluer dans des villes propres.
Dana est ravie. Les inconvénients du métier sont pourtant nombreux :
- la pluie qui l’a fait glisser sur le marchepied et lui cause une entorse de la cheville,
- la chaleur du soleil qui s’accumule à celle du camion et qui accentue les odeurs
- les personnes qui, malgré toutes les consignes, compliquent le métier en ne triant pas correctement …
Aucune tournée ne se ressemble et c’est aussi ça que Dana apprécie : pas de monotonie.
Dana s’adapte avec le sourire et la motivation qui la caractérisent, se sent bien avec ses coéquipiers et ses 3 chefs d’équipe bienveillants.
A la femme qui un jour la suit en vélo sur une tournée, elle lui dit que oui bien sûr que c’est possible de faire ce métier même si on n’est pas un homme.
Avant même la fin de son parcours en insertion avec La Fourmi, Dana entend parler d’un poste en CDD par l’intermédiaire des chefs d’équipe. Elle postule et est prise pour 3 mois en direct à la METRO. Elle a commencé le 1er juillet !
Bravo Dana
Une belle réussite pour cette jeune femme travailleuse et volontaire, qui a trouvé dans ce métier une satisfaction professionnelle. La prochaine étape est le permis B pour peut-être ensuite passer le permis poids lourds. Elle pourra ainsi continuer à évoluer dans le métier de ripeuse. Elle aimerait aussi que son parcours serve d’exemple et que de plus en plus de femmes s’orientent vers ce métier en faisant fi des idées reçues. La Fourmi souhaite également promouvoir ce métier auprès des femmes.
Pour en savoir plus sur ce métier, contactez l’agence La Fourmi de Pont de Claix.